Histoire
Du village à la ville
Du IXe siècle à la Révolution
Les terres actuelles de Cormontreuil étaient propriétés d’abbayes rémoises telles que l’Abbaye de Saint-Remi, de Saint-Pierre-les-Dames, etc.
L’abbaye de Saint-Pierre-les-Dames eut très tôt une influence primordiale sur notre commune. En effet, c’est grâce aux finances de ce couvent féminin se réclamant de Saint Benoît que l’église de Cormontreuil fut érigée en 1159. Robert, chanoine de la cathédrale de Reims, en a posé la première pierre.
Les serfs, les paysans, les artisans et les bourgeois restèrent longtemps courbés sous l’autorité avant de se révolter et d’obtenir des chartes communales. Reims en avait obtenu une par Louis VII en 1138, mais il a fallu de nombreux procès et luttes pour qu’elle soit acceptée par les autorités ecclésiastiques.
Lors des guerres de Cent Ans, on craignait les Bourguignons mais ce furent les Anglais qui parurent devant Reims dès les premiers jours de décembre 1359. Leur puissante armée assiégea Reims. Les habitants des villages ayant reçu l’ordre de détruire tous bâtiments pouvant servir ou faciliter l’approche de l’ennemi, Cormontreuil, Taissy et les autres hameaux furent totalement détruits et les Anglais ne purent soutenir le siège longtemps par manque de fourrage et de nourriture. Le roi d’Angleterre comprit qu’il était inutile d’insister et abandonna le siège le 11 janvier 1360. La domination anglaise disparut en quelques semaines.
Les Anglais reprirent la lutte sous le commandement de leur roi Henry V et, en 1421, toute la Champagne s’était soumise volontairement à la domination anglaise. Le 15 juillet 1429, Jeanne d’Arc, qui avait quitté Châlons-sur-Marne, emprunta l’unique chaussée qui reliait le lieu de son départ à Reims. Ce chemin suivait la Vesle et fut remplacé par le canal et son chemin de halage.
Les conséquences de la Guerre de Cent ans furent désastreuses pour la région. Beaucoup de familles s’étaient réfugiées à Reims. Elles ne voulaient pas retourner dans la campagne environnante à cause du manque de ressources. Les magistrats de Reims s’inquiétèrent du ravitaillement de la ville et de cette population flottante.
En ces temps-là, la famine et la peste faisaient rage dans les campagnes. La première moitié du XVIe siècle fut toutefois assez tranquille. La situation s’étant un peu améliorée, on s’occupa à réparer les dégâts des siècles précédents. La plupart des églises de campagne avaient été restaurées. Ce fut le cas de Cormontreuil. Mais des pilleurs écumaient la région. Ni Reims, ni le nouveau roi ne les arrêtèrent.
Les villageois durent quand même participer à la reconstruction des fortifications rémoises. Ces dernières leur furent d’un grand secours pendant la période de la Fronde (1650) et les pillages des armées. Les maladies épidémiques étaient fréquentes. La peste de 1650 fut sans doute la plus redoutable.
En 1686, Jean Maillefer, dévot rémois, s’affligea de rencontrer des enfants qui n’allaient pas à la messe le dimanche. Il avisa et en créa une qui serait dite tous les dimanches. Il est vrai qu’au XVIIe siècle, la pratique de la religion était très importante.
Cormontreuil dépendait alors de la paroisse Saint-Jean de Reims comme en témoignent les registres paroissiaux. Après consultation du seigneur du lieu, l’abbesse de Saint-Pierre-les-Dames et des habitants, Maurice Le Tellier, archevêque et duc de Reims, visita l’église le 19 septembre 1686 et l’érigea par une ordonnance en cure.
En 1686, la population était d’environ 340 personnes alors qu’en 1629, on pouvait dénombrer 74 feux (foyers) soit 300 personnes environ. A la fin de ce siècle, on trouve trace d’un maître d’école dans les registres paroissiaux. Les garçons et les filles fréquentaient alors la même école « sans scandale ».
Carte réalisée en 1722.
Marie-Antoinette passa à Reims par Cormontreuil le 12 mai 1770. Elle fut très bien accueillie. Elle revint en 1775 pour le sacre de son époux Louis XVI. Il fallut alors loger toute la cour qui suivait le roi. Une partie s’installa pour l’occasion dans les plus belles demeures de Cormontreuil.
La Révolution
Afin d’obéir aux ordres du roi du 24 janvier 1789 pour la convocation des Etats généraux, Philippe Lemoine, procureur d’office et syndic de l’assemblée municipale de la communauté de Cormontreuil, convoqua au son de la cloche les habitants le 8 mars 1789.
Les habitants de Cormontreuil ne se montraient en aucune façon des révolutionnaires mais ils voyaient de nombreux abus autour d’eux et les jugeant tous intolérables, ils demandaient leur suppression en bloc.
Parmi leurs vœux, on peut noter :
- Une justice plus prompte avec moins de frais.
- La suppression des droits de contrôle.
- Que le prix du sel soit partout le même dans le royaume.
- Que le tabac soit négociable.
- La suppression des droits de chasse.
- La suppression des privilèges.
La première assemblée des délégués des trois ordres eut lieu à Reims le 16 mars 1789. Les représentants de la noblesse étaient au nombre de 88 et se réunirent à l’abbaye Saint-Denis de Reims, ceux du clergé, au nombre de 374, à l’archevêché, les délégués du tiers-état, de plus de 500, se regroupèrent dans l’église des Frères Prêcheurs et s’occupèrent aussitôt à réduire leur nombre à 200. Après avoir compulsé les cahiers de doléances des communautés et rédigé celui du baillage de Reims, l’assemblée du tiers-état s’unissait à celles du clergé et de la noblesse afin de nommer les députés pour les Etats Généraux.
La réunion des Etats Généraux eut lieu à Versailles le 5 mai. Les espoirs des députés du tiers-état furent brisés après le rapide discours du roi et l’interminable exposé de Necker, où ni l’un ni l’autre ne firent allusion aux projets de réformes tant attendues. Après un mois et demi d’inaction, le tiers-état ainsi que quelques curés et quelques membres de la noblesse, dont le marquis de Sillery, se déclarèrent « Assemblée Nationale » le 17 juin.
Pour payer les dettes de l’Ancien Régime, Talleyrand fit valoir que la dette publique serait éteinte par la vente des biens du clergé mis à la disposition de la nation. Ainsi, à Cormontreuil, toutes les terres et bâtiments provenant des abbayes Saint-Remi, Saint-Etienne, Saint-Pierre, de la fabrique de Saint-Timothée, du collège des Bons Enfants, de la Sainte-Chapelle de Paris, du Séminaire furent mis en vente progressivement.
Vente du moulin appartenant aux abbesses.
Le 20 avril 1792, sur la proposition de Louis XVI, l’assemblée déclara la guerre à l’Autriche. De nombreux volontaires s’engagèrent alors pour défendre la Patrie. Danton dira alors: « Le tocsin qui sonne n’est point un signal d’alarme, c’est la charge sur les ennemis de la Patrie. Pour les vaincre, Messieurs, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée. »
Le lendemain de la bataille de Valmy, le 21 septembre 1792, la Convention décrétait l’abolition de la royauté, l’avènement de la 1re République et l’institution d’un nouveau calendrier.
Au printemps 1793, les puissances européennes, hostiles à la Révolution, scandalisées par l’exécution de Louis XVI et effrayées par les conquêtes françaises, constituèrent une puissante coalition qui encercla la France.
Le pays entier dut se soumettre à la dictature de la Convention montagnarde. Un comité de sûreté générale fut chargé de dépister les espions. Un autre s’occupa d’assurer le « Salut public ». Ces organes étaient relayés en province par des comités révolutionnaires locaux.
A Cormontreuil, un comité de surveillance se créa donc. Le 29 brumaire de l’an II, à l’église, Jean-Baptiste Sauvage, Jean-Baptiste Rousseau, Henry Damien, Renault Lefèvre, Rémy Notaire, Philippe Lemoine, Antoine Chardonnet et d’autres furent élus pour faire partie de ce comité.
De l'Empire à la République
Après le sacre de Napoléon, une cérémonie religieuse importante fut organisée dans le village, à l’ancien lieu des processions. Le dimanche 20 prairial de l’an XIII (9 mai 1805), à la fin des vêpres, eut lieu la cérémonie de bénédiction de la croix des Bonnelles par M. Jobart, curé de la paroisse qui s’y est rendu processionnellement avec le clergé et au milieu d’un concours considérable tant des habitants de Cormontreuil que des communes avoisinantes en la présence de Philippe Lemoine, maire de Cormontreuil, des membres de la fabrique et ceux du Conseil municipal de Cormontreuil. Les Bonnelles sont un lieu-dit du village où l’on pouvait accéder par le chemin des Alleux encore appelé Chemin de la Procession (l’actuelle rue de la Paix) ou bien par le chemin de Rilly à Reims encore appelé chemin de la Croix des Bonnelles.
Cette croix devait remplacer l’ancienne, détruite en l’an II de la République (1794). En fait, les habitants l’avaient mise en réserve et conservée précieusement, et dès qu’ils ont pu le faire sans risque, ils l’ont reposée sur la grande place du village. Actuellement, celle-ci se retrouve devant la propriété sise au 3 rue Pasteur.
La croix des Bonnelles, restaurée en 1986, a été installée dans le cimetière actuel et veille sur le caveau communal. Une autre croix en fer, la croix des Rogations dite Croix Quicheron, subsiste encore en bordure d’un jardin rue de la Paix. Elle fut élevée par l’ancien curé de Cormontreuil, dont l’épitaphe mortuaire se trouve dans l’église.
Gérard Chardonnet (1776-1863).
Le nouveau souverain n’était pas homme à se contenter d’être un pacifique chef d’Etat. « La conquête seule peut me maintenir » déclarait-il, et il se lança à l’assaut de l’Europe. Au début de 1812, le tsar de Russie s’allia à l’Angleterre et déclara la guerre à Napoléon. Après l’épisode de la Bérézina et la campagne d’Allemagne en 1813, les alliés (la Russie, la Prusse et l’Autriche) poursuivirent Napoléon en marchant sur Paris.
C’était le début de la campagne de France en 1814. Le 6 février, le général Rigaut renonçait à défendre Reims, le nombre de soldats français étant trop faible par rapport aux soldats prussiens et cosaques. La ville capitula et l’invasion commença.
Parmi les soldats qui furent mêlés aux guerres de la Révolution et de l’Empire, on peut citer Gérard Chardonnet, dont Cormontreuil garde le souvenir par le nom d’une rue.
A Napoléon succéda Louis XVIII qui, par des mesures maladroites, irrita les Français : remplacement du drapeau tricolore par le drapeau blanc, interdiction de la Marseillaise, etc. Après le court retour de Napoléon, durant les Cent Jours, Louis XVIII poursuivit son règne. Charles X lui succéda en 1824 et fut sacré à Reims. Il abdiqua après la révolution de juillet 1830 et sera remplacé par Louis-Philippe Ier.
La population qui était aux environs de 425 habitants durant toute la fin du XVIIIe siècle jusqu’en 1820, connut une augmentation car, les logements étant devenus trop difficiles à trouver à Reims, les ouvriers vinrent habiter à Cormontreuil ce qui porta le nombre d’habitants à 500.
En 1829, 563 habitants étaient répartis en 160 feux, parmi lesquels se trouvaient 12 maisons bourgeoises.
Sous le règne de Louis-Philippe, les règles d’hygiène étaient encore trop peu connues et cela eut des conséquences dramatiques. En 1832, une épidémie de choléra-morbus dévasta la France. Sept ans plus tard, le typhus arriva. Suite à cette maladie, le cimetière, qui était comme tous les autres autour de l’église, fut déplacé en dehors des murs du village. Heureusement, grâce aux travaux de Pasteur, la médecine fit d’énormes progrès.
Dès que la guerre franco-allemande fut déclarée le 19 juillet 1870, de nombreux trains de troupes et de matériel passèrent par la gare de Sillery pour se rendre à la frontière. D’après un témoignage, les trains étaient recouverts de fleurs, de drapeaux tricolores au milieu desquels éclataient les chants guerriers des soldats qui, pleins d’espérance, se promettaient de couvrir de gloire l’armée française. Quelques jours plus tard, la gare qui avait vu passer les soldats pleins d’ardeur donnait assistance à d’autres qui revenaient de la frontière ramenant des blessés sur Reims.
Le 2 septembre, ce fut la défaite de Sedan, où l’empereur Napoléon III et l’armée française furent faits prisonniers. Le lendemain, le roi Guillaume Ier, Bismarck, l’Etat-Major et l’armée allemande entraient à Reims. La IIIe République allait naître.
Le 4 septembre 1870, la République fut proclamée par Paris révoltée. Le même jour, un ouvrier teinturier, François Augé fut arrêté à Reims car il avait fait un geste considéré comme menaçant par les autorités prussiennes. Trois jours plus tard, il était fusillé au bord de la route qui va de Reims à Cormontreuil. Un monument commémoratif a été installé à l’endroit de son exécution.
Après la capitulation de Paris, le gouvernement républicain provisoire signa l’armistice le 28 janvier 1871. De mars à mai 1871, le peuple de Paris s’insurgea contre le gouvernement de Versailles dirigé par Thiers. La Commune sera écrasée et la répression sévère. Mac-Mahon fut élu président en 1873 pour sept ans après que l’Assemblée Nationale, à majorité royaliste, échoua à rétablir la royauté.
De 1881 à 1889, d’importantes réformes furent votées pour permettre au peuple de s’instruire, pour garantir les libertés fondamentales, pour établir l’égalité pour tous devant le service militaire.
Cette œuvre sera poursuivie pour améliorer les conditions de travail et le sort des travailleurs et pour créer une société où la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » soit pleinement respectée.
D'un siècle à l'autre
La gare du C.B.R inaugurée en 1896.
De 1841 à 1900, un certain nombre d’aménagements et de constructions ont modifié l’aspect de Cormontreuil. Le vieux village, avec ses ruelles, se transforma peu à peu pour devenir au fil des ans, le village qu’ont connu les habitants d’avant la guerre de 1914-1918.
Les changements en question sont : restauration de l’église (1841-1844), déplacement du cimetière (1851), réparation du presbytère (1866), installation d’une horloge publique, construction d’un lavoir communal, amélioration du groupe scolaire.
Les bâtiments ne sont pas les seuls à avoir subi une cure de jouvence. La voirie communale a subi elle aussi des améliorations : élargissement de la rue du Moulin, aménagement de la rue de Taissy, nivellement et aménagement de la Grande Rue, construction d’un chemin vicinal. Un nouveau moyen de transport, le C.B.R., est né le 11 novembre 1883 avec la gare à l’emplacement de l’actuelle poste. La construction d’une nouvelle boîte aux lettres est décidée le 4 novembre 1877.
Fin XIXe et début du XXe siècle, Cormontreuil était réputée pour être la première guinguette des environs de Reims. Les bords de Vesle étaient fort appréciés des bourgeois de Reims Une ancienne meneuse de revue des Folies Bergère, Clémence de Pibrac, y avait même élu domicile.
Cormontreuil dans la tourmente de 1914-1918
Du 28 juin 1914, date de l’assassinat à Sarajevo de l’archiduc héritier François-Ferdinand d’Autriche, jusqu’au mois d’août, début de la Première Guerre Mondiale, l’Europe vécut dans un état de permanente anxiété.
Parmi les actions incontrôlées, se trouve celle de Raoul Villain, devenu malheureusement tristement célèbre.
Celui-ci venait parfois à Cormontreuil rendre visite à sa grand-mère, Emilie Alba, qui habitait rue de la République, où elle décéda le 22 juillet 1914. C’est à son retour de Reims, où il était venu participer aux obsèques, que, le 31 juillet, Raoul Villain assassina Jean Jaurès quelques heures après avoir quitté la gare de l’Est. Il prit le pseudonyme de René Alba après son acquittement. Il fut assassiné à Ibiza par des anarchistes en 1936 et laissé agonisant, il fut dévoré en partie par des fourmis rouges. Cormontreuil a voulu honorer sa victime en donnant le nom de Jean Jaurès à la portion de rue où habitait Emilie Alba avant le drame.
Le 1er août 1914, le décret de mobilisation trouva la population de Cormontreuil à son labeur quotidien. Il ne surprit pas. L’opinion publique ne s’était pas méprise sur la situation. Mais personne ne s’imaginait quitter sa famille pour plusieurs années. Ce devait être l’affaire de quelques mois pour anéantir l’ennemi. Le 3 août, Guillaume II déclara la guerre à la France.
Pourtant, dans la nuit du 2 au 3 septembre, Reims et ses forts étaient évacués sans combat par l’armée française. le 3 septembre, à 10 heures du soir, la 23e division de réserve de la 3e armée allemande prit, sans combat, les forts de Witry-les-Reims et de Nogent l’Abbesse. Le lendemain matin, cette même division occupa les forts de la Pompelle et de Montbré. Un mois après la déclaration de guerre, l’armée allemande occupait Reims.
Après la victoire de la Marne et le recul des armées allemandes, le 13 septembre, les troupes françaises se trouvèrent à Reims mais le martyr de la région allait encore durer 4 ans.
Le contact avec l’ennemi commençait entre la verrerie de Cormontreuil et la route de Châlons. Cette première journée de reprise de combats allait coûter la vie à la première victime civile de Cormontreuil : Madame Henriette Gomé, née Longeaux.
Le soldat Aramis Pierru fut le premier soldat à mourir à Cormontreuil le 15 septembre 1914.
Le 19, les poilus voyaient les longues flammes s’élever de la toiture de la cathédrale de Reims et la fumée se répandre vers Berru. Le 23, le fort de la Pompelle fut repris par le 138ème d’infanterie.
Le 24, la contre-offensive allemande débuta. Le 25, à la faveur d’un épais brouillard, les Prussiens attaquèrent. Le lendemain, le terrain perdu fut repris. Peu à peu, le front se stabilisa. L’enthousiasme du début n’existait plus. La guerre s’éternisait et s’enterrait. Les poilus s’installaient dans les tranchées. Elle plaça Cormontreuil à 2 kilomètres des lignes ennemies. Pendant 4 ans, les habitants de Cormontreuil allaient vivre avec les soldats qui venaient se reposer avant de retourner au front.
Durant les années 1915 et 1916, aucune action militaire importante n’eut lieu dans la région. La lutte fragmentaire se localisa près du fort de la Pompelle, entre Sillery et Prunay. Pendant l’année 1915, les uniformes français trop voyants (pantalons rouges !) furent remplacés par la tenue bleu-horizon.
La vie était pénible dans la boue épaisse, glacée et collante de la craie qui séchait si lentement, et dans les terres marécageuses de la Vesle. Les habitants de Cormontreuil devaient demander un laissez-passer pour se rendre à Reims une fois par mois pour leurs achats.
La mairie fut bombardée en 1917.
A Cormontreuil, l’année 1917 fut marquée par les bombardements avec l’incendie de la mairie et l’évacuation d’une bonne partie de la population. Le 10 décembre 1917, les bombardements firent une deuxième victime : Madame Jeanne Givelet. Elle fut blessée par un éclat d’obus alors qu’elle sortait de l’église de Cormontreuil. Elle fut évacuée sur l’hôpital militaire de Châlons-sur-Vesle, où elle décéda et fut enterrée.
Le 3 mars 1918, le traité de Brest-Litovsk libéra du front russe beaucoup de troupes ennemies. Il fallait donc se hâter. En mars 1918, le reste de la population de Cormontreuil fut évacué à cause des bombardements de plus en plus importants. Le 27 mai, les Allemands firent d’incroyables efforts pour s’emparer de Reims. Ils attaquèrent de tous les côtés à la fois. En juin, de nouvelles attaques sur le fort de la Pompelle eurent lieu. Cormontreuil fut une fois de plus bombardée le 18 juin vers 20 heures. Du 4 octobre après-midi jusqu’au 5 octobre au matin, les Allemands lancèrent de violents tirs explosifs et toxiques sur la ville de Reims et ses environs. A partir de 13h 30, tous tirs cessèrent. Les Allemands venaient de se retirer.
Durant cette guerre, Cormontreuil avait donc subi des bombardements intenses. Tous les bâtiments avaient été touchés, parmi lesquels 40 % ont subi une destruction totale et 50 % ont été fortement abîmés. Le conseil municipal demanda au génie de faire disparaître tous les abris souterrains épars sur la commune. En décembre, une équipe de prisonniers de guerre vint nettoyer les rues.
Sur 750 habitants, Cormontreuil eut 50 deuils civils. Par ailleurs, 84 soldats furent retrouvés dans un cimetière militaire provisoire situé tout autour du cimetière communal. Les corps de certains sont retournés auprès de leur famille. Les autres reposent désormais au cimetière national de Sillery depuis leur transfert. Si, là-bas, vous passez devant la tombe n°5650, sachez que, sous la petite croix, se trouve le 54e soldat en provenance de Cormontreuil : un soldat inconnu.
En raison de nombreux bombardements subis, des souffrances et des ruines, Cormontreuil reçut la croix de guerre le 30 mai 1921 avec citation à l’ordre de l’armée.
A leur retour, quelques Cormontreuillois, rescapés de la « Grande Guerre », décidèrent de former une association amicale qui regrouperait leurs camarades anciens combattants.
La commune se relève de ses cendres
La guerre avait bien sûr réduit, puis arrêté les activités du conseil municipal en 1917 et en 1918.
Le 19 janvier 1919, 4 conseillers sur 12 étaient présents, 7 étant empêchés en raison de l’évacuation totale de la commune en 1918. Sous la présidence d’Emile Lecompère, maire, furent désignés les délégués qui estimeront les dommages de guerre. Le 13 novembre 1921, le monument aux morts de la Grande guerre est inauguré à l’angle de la rue Chanzy et de la rue Simon-Dauphinot.
Départ pour l’inauguration du monument aux mort – 1921.
Peu à peu, Cormontreuil se reconstruisit et se modernisa. Le réseau électrique apparut dès 1924. Les rues sont éclairées électriquement de 22h à 5h ainsi que la mairie et l’église à partir du 9 juillet 1924. Le réseau d’eau potable fut raccordé à celui de Reims.
En 1931, une grave crise économique fait naître le chômage. Elle durera plusieurs années. La fête du 14 juillet 1932 est annulée : pas de bal, pas de friandises, pas d’illuminations, juste un vin d’honneur et une distribution de brioches. Le fonds du chômage n’avait plus d’argent mais continuait d’aider les chômeurs en nature.
En avril 1932, un « arbre de la Paix » fut planté place de la Liberté. La municipalité organisa une cérémonie simple mais impressionnante, clôturée par un bal et un vin d’honneur.
De la Drôle de Guerre à la Libération
Le 3 septembre 1939, la France déclara la guerre à l’Allemagne. La défense passive s’organisa peu à peu. En mars 1940, Cormontreuil débloqua des crédits pour acheter des masques à gaz aux habitants. Cette année 1940 fut marquée par le raz-de-marée des armées d’Hitler : c’était la « Blitzkrieg » promise.
A partir de mai 1940, l’exode sur les routes, où se mêlaient civils éperdus et soldats en fuite, commençait. Les archives communales et l’appareil de cinéma furent transférés à Aix-en-Othe (Aube).
L’armistice conclu le 22 juin, ce fut le retour au foyer. A la fin septembre, 1035 habitants sur 1085 que comptait la commune avant l’exode étaient revenus. Parmi les manquants, les prisonniers de guerre en captivité en Allemagne.
Les Allemands s’étaient installés dans plusieurs propriétés de Cormontreuil et à la maison de retraites spirituelles, rue Simon-Dauphinot. Le charbon, les matières grasses, l’épicerie faisaient défaut. Le ravitaillement était insuffisant. Chaque habitant, selon son âge, reçut une carte de ravitaillement. Les réquisitions allemandes pesaient lourdement sur la vie des Cormontreuillois.
Des réfugiés commençaient à arriver des Ardennes, de l’Aisne, du Nord et du Portel, une commune du Pas-de-Calais. En effet, celle-ci avait été anéantie après des bombardements menés par l’U.S.A.F. et la R.A.F.. Les réfugiés furent satisfaits de l’accueil qui leur avait été réservé.
Arrivée des Américains – 29 août 1944.
Plus le temps passait, plus le nombre de résistants augmentait. Des liaisons purent être établies avec des terrains d’aviations anglais et les autorités alliées. Monsieur Roger Maillet, travaillant au Central téléphonique, mena une activité parallèle en écoutant les communications allemandes, en sabotant les lignes téléphoniques et en favorisant les parachutages alliés. Il fut arrêté par la Gestapo, interrogé, mais il ne cédera pas. Il sera déporté en 1943.
Manoël Pinto, résistant, fut arrêté la veille de son vingtième anniversaire. Il fut interrogé par la Gestapo chez lui avec un garagiste résistant. Ils furent déportés au camp de concentration de Natzwiller (Bas-Rhin) où il mourra le 21 janvier 1945. Il est désormais inhumé à Rilly-la-Montagne. Le lendemain de cette arrestation, la milice quitta Reims.
Le 28 août 1944 au soir, les premiers contacts avec les soldats des Etats-Unis eurent lieu au Mont Ferré.
Guidés par Monsieur Pierre Véron, ils arrivèrent le lendemain dans Cormontreuil vers 17h à bord d’une jeep et d’une voiture blindée. Les cloches tintaient. Un drapeau américain fut confectionné en hâte. Les FFI de la commune guidèrent les soldats jusqu’au pont Huon où les Allemands les attendaient. Cependant, après deux heures d’intense combat, les Allemands se retirèrent et ne revinrent pas.
Le mercredi 30 août, à Cormontreuil, ce fut le jour des règlements de comptes. Plusieurs femmes soupçonnées d’avoir été trop proches de l’ennemi furent amenées chez un « coiffeur » improvisé.
Des prisonniers allemands de la station radar de Minaucourt furent amenés à Cormontreuil. Plus tard, l’un d’eux créa avec son employeur la fabrique de ressorts « Grange et Walter », rue Simon-Dauphinot. Cormontreuil était devenue sa patrie.
De l'après guerre à nos jours
Les cartes de ravitaillement étaient toujours en vigueur. Le chauffage des habitants était le problème primordial de la commune.
Pour commémorer le sacrifice des habitants (Philippe Coutiez résistant tué au maquis de Champlat, Manoël Pinto résistant et Lucien Léger victime du S.T.O.) et de personnalités, la mairie décida de rebaptiser certaines rues et places. Le 11 novembre 1945, de nombreux habitants assistèrent à l’inauguration d’un monument aux Martyrs de la Résistance.
La course à la brouette lors de la fête patronale, 1970.
A partir de 1959, le village de Cormontreuil, quelque peu en déclin (1467 habitants en 1954), se métamorphosa au prix de gros efforts pour offrir à sa population renouvelée le service et le confort d’une cité urbaine. Les élections municipales du 19 mars 1959 ont amené une équipe totalement nouvelle au conseil municipal.
Monsieur Pierre Paul est nommé maire, ses adjoints sont Marcel Boucher et Edouard Patoureaux. Le 13 février 1960, Monsieur Marcel Boucher prend le relais et devient maire jusqu’en juin 1979, date à laquelle Monsieur Michel Voisin Dit Lacroix prend sa succession.
Sous l’impulsion de Michel Voisin-Dit-Lacroix la commune s’agrandit considérablement. La création d’une zone commerciale importante permit de financer de nombreux équipements (écoles, équipements sportifs, MJEP, médiathèque, etc.) rendus nécessaires en raison de l’accroissement de la population.
Depuis 2008, Jean Marx assure la fonction de maire avec notamment la volonté de redynamiser le centre de la commune. Pour cela, la traversée du centre-ville a été repensée avec la création de grands espaces ouverts aux piétons. La réalisation d’une salle de spectacles (Le Lavoir) et la réhabilitation d’une ancienne demeure du XVIIe siècle à proximité pour y abriter un centre de loisirs ont permis de ramener de la vie dans le centre et de donner une image beaucoup plus dynamique de la commune.
Le grand challenge des prochaines années sera, face à la communauté urbaine du « Grand Reims » de garder à la commune toute son identité.
Congrès des Sapeurs-pompiers, 2013.
Sources : « Il était une fois Cormontreuil » par Jean Vigouroux, Georges Clot et Christine Voisin, Ville de Cormontreuil 2016. 300 pages, plus de 600 illustrations. Livre disponible en mairie : 28 €.